Disparités au sein du réseau officinal

Les petites pharmacies ont-elles un avenir ?

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Publié le 29/10/2018
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Réagissant aux résultats financiers présentés par les experts-comptables, Philippe Besset, vice-président de la FSPF estime qu'une cohabitation est possible entre les pharmacies qui ont opté pour un modèle commercial et les autres, davantage tournées vers les nouvelles missions.
Besset

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Crédit photo : S. Toubon

Les statistiques des cabinets d’experts-comptables le démontrent une nouvelle fois, le paysage officinal se polarise d'année en année. Le rôle du pharmacien évolue vers une prise en charge du patient de plus en plus personnalisée.

Cependant, comme le remarque Philippe Besset, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), « on constate que les officines qui tirent leur épingle du jeu sont celles qui font le choix de développer des structures commerciales, de la vente de produits de bien être et santé, avec un concept de prix et des codes rappelant celui des grandes surfaces ».

Pour lui, il n’est nullement question de jeter l’opprobre sur ces pharmaciens qui, en choisissant ce positionnement, « protègent la profession ». En effet, expose-t-il, « ces officines spécialisées dans le bien-être prouvent de par leur fonctionnement qui reste pharmaceutique que la profession n’a pas à rougir de la concurrence des grandes surfaces ». Il n’en reste pas moins qu’un déséquilibre économique menace à terme le réseau officinal, comme le soulignent les bilans comptables. Quel sera l'avenir, dans ces conditions, des officines qui auront fait le choix d’un engagement prioritaire dans la permanence des soins, les bilans partagés de médication, les premiers secours ?

Un changement de paradigme

Afin de maintenir l’équité, Philippe Besset propose qu’une certaine part de la rémunération de ces officines soit assurée par leur engagement. Moyennant certains critères de localisation (communes rurales isolées), permanence de soins, amplitudes horaires, volonté d’assurer des activités liées aux soins, ces pharmacies qui répondraient à des services attendus de la collectivité, pourraient percevoir un certain nombre de rémunérations conventionnelles sous la forme d’une forfaitisation.

« Je souhaite que les pharmaciens qui optent pour un exercice tourné vers la santé puissent avoir un niveau de rémunération légitime. Ils verraient ainsi leur diplôme, leur travail et leur disponibilité, rémunérés », décrit le vice-président de la FSPF. En termes comptables, leur marge bilan ne sera plus liée à la vente mais à la production de services, créatrice de valeurs. Philippe Besset a conscience que l’émergence « de cette discrimination positive » romprait définitivement avec la sacro-sainte uniformité de la croix verte pour laquelle la FSPF a toujours milité.

Précisant le calendrier, Philippe Besset indique qu'après l'expérimentation viendra le temps de l'analyse économique afin que cette évolution soit présentée à l'assemblée générale de la FSPF. Il en est convaincu, dans ce contexte, les barrières actuelles entre les deux modèles de pharmacie tomberont et le réseau officinal en sera plus apaisé.

Marie Bonte

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3469