Depuis ces dernières années, le marché des médicaments génériques stagne : 2017 fut ainsi l’annus horribilis de ces médicaments, avec une croissance de +0.3 % en volume soutenue uniquement par l’arrivée de nouvelles spécialités génériques et la progression de la substitution officinale (80,7 % en 2017). Cette tendance se confirme en 2018 avec une croissance de 1,7 % en volume. Et pourtant c’est un marché qui est passé d’à peine 5 % des médicaments remboursables dans les années 1990 à plus 36 % aujourd’hui ! La stagnation actuelle n’est donc plus économiquement et intellectuellement acceptable ; elle témoigne surtout de la nécessité de trouver de nouveaux moteurs de croissance, avec en ligne de mire un véritable décollage des volumes. L’enjeu ? Faire rentrer ce marché dans l’ère de la maturité et rattraper des pays comparables aux nôtres comme l’Allemagne, culminant à près de 80 % de médicaments génériques sur l’ensemble des médicaments remboursables.
Il n’est plus compréhensible de se priver du recours à ces médicaments. La croissance du marché des médicaments génériques est essentielle pour le pays : financement des programmes de prévention, performance accrue dans le remboursement des médicaments innovants, ou encore réduction des déficits sociaux. Les chiffres sont éloquents : ces médicaments représentent un levier d’économies unique pour les pouvoirs publics, de plus de 2 Md€ par an.
Avant d’évoquer la direction indiquée par la boussole du GEMME, il convient d’insister sur deux impératifs :
- Éviter à tout prix l’impasse des baisses de prix ! Sur la période 2013-2018, l'ensemble des baisses de prix sur le champ des médicaments génériques a représenté près d’un milliard d’euros, soit une moyenne annuelle proche de 5 % du CA. Cela a terriblement fragilisé l’économie des laboratoires, surtout dans un contexte d’accroissement des contraintes réglementaires. Si les laboratoires devaient encore subir un tel traitement de choc en 2019, cela pourrait conduire à l’arrêt de commercialisation de certaines spécialités jouant encore un rôle majeur dans la pharmacopée.
- Continuer d’emprunter l’autoroute de la substitution officinale ! Le taux moyen atteint, de 80 %, est une belle réussite des officinaux et il paraît difficile de le dépasser en ne se concentrant que sur les seuls officinaux. D’autres leviers doivent être activés afin de faire progresser le taux de pénétration des médicaments génériques tout en conservant le rôle central du pharmacien.
Refuser l’impasse des baisses de prix, continuer à rouler à plein régime sur l’autoroute de la substitution officinale et… prendre de la hauteur en mettant le cap sur les volumes, tel est le triptyque qui enclenchera une nouvelle dynamique pour le médicament générique. En effet, nous ne parviendrons pas à influer sur les volumes sans une incitation à la prescription dans le répertoire. Avec la chute de nouveaux brevets, c’est l’un des seuls moyens de dynamiser un marché qui n’a pas encore livré tout son potentiel médico-économique. Ce serait à tout le moins une façon de compenser l’impact des baisses des prix qui fragilisent chaque année les entreprises du secteur et les pharmaciens.
Dans un tel contexte, certaines mesures du PLFSS pour 2019 sont importantes pour notre secteur :
- Feu vert clignotant pour la définition « des critères médicaux objectifs » pour délimiter le recours des médecins à la mention « non substituable » sur les ordonnances. Le gouvernement fait le choix de s’attaquer à un point nullement négligeable, compte tenu de la fréquence de cette mention : 8,3 % en 2016 (contre moins de 2 % il y a 5 ans). Le GEMME reste toutefois vigilant quant à la définition des critères médicaux objectifs ainsi qu’à la faisabilité de la mesure, notamment dans le cadre des relations patients-médecins au regard notamment des interférences éventuelles de cette mesure avec le secret médical.
- Conduite accompagnée pour le second axe de la mesure consistant à rembourser le médicament princeps sur la base du prix du médicament générique pour les patients qui refuseraient sans justification médicale la substitution. Le GEMME souhaite profiter du délai laissé par le gouvernement jusqu’en 2020 pour accompagner sa mise en œuvre et s’assurer de son efficacité à long terme. Plus précisément, il s’agit de veiller :
- à ce que le marché puisse se développer harmonieusement avec l’ensemble des acteurs du système de santé et notamment ceux qui ont porté son développement, laboratoires de génériques et pharmaciens,
- et que la légitimité du médicament générique puisse continuer de s’imposer comme une évidence chez les patients comme chez les médecins.
Bien que la route du développement du générique promette d’être semée encore de nombreuses embûches, le GEMME entend négocier les prochains virages en harmonie avec l’ensemble des acteurs du secteur.
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