LA PEAU est un marqueur psychosomatique et revêt un rôle social, elle exprime l’identité de l’être qui l’habite : c’est l’organe extérieur avec lequel on apparaît et on est vu. Elle traduit nos malaises et nos émotions (rougeurs, sueurs froides, mains moites), et à travers le maquillage ou le tatouage elle transmet nos messages, c’est aussi l’écho du temps qui passe. « Organe du toucher et du désir, la peau unit (contact, étreinte, fusion), mais elle peut créer des barrières et diviser (peaux noires, métissées, rouges), ou encore susciter des répulsions, un isolement et un bouleversement de l’être lorsqu’elle souffre d’affections (maladies de peau), souligne le Pr Axel Kahn, président de l’Université Paris Descartes. C’est un organe de communication qui nous rend unique et ses déclinaisons sont multiples et riches de sens : peau de vache, la peau sur les os, se mettre dans la peau, faire la peau, sauver sa peau, mal dans sa peau, peau de chagrin qui évoque un cuir qui se rétrécit, à fleur de peau qui traduit la nervosité, ou l’injure vieille peau qui fait allusion au poids des ans et à l’empreinte qu’ils laissent. » Les femmes dans les tranches d’âge 45 à 65 ans sont les plus concernées et les plus insatisfaites de leur peau, elles ont du mal à s’accepter et à accepter certains termes péjoratifs comme peau flétrie, ridée, plissée, froissée. Mais elles sont exigeantes et ne se contentent pas d’embellir ou de camoufler, elles demandent des diagnostics dermatologiques et des consultations thérapeutiques.
Quelles sont les principales techniques dermatologiques pour lutter contre le vieillissement cutané ?
Appelées techniques de resurfaçage, elles sont représentées par l’abrasion mécanique (micro-abrasion) et le peeling chimique qui provoquent une destruction limitée de l’épiderme et superficielle du derme pour obtenir une régénération tissulaire et une bonne oxygénation de la peau. La mésothérapie consiste à injecter directement au sein des tissus, par injections intradermiques microdosées, des actifs nutritifs et revitalisants pour « doper » les tissus et les métabolismes biologiques.
Peut-on les réaliser à domicile ?
Il existe une nouvelle génération de soins sous forme de kits micro-abrasion et peeling qui bénéficient de méthodes éprouvées en milieu médical et qui peuvent être effectués à la maison pour obtenir un peeling superficiel (Lierac, SVR, Filorga…). Les actes en profondeur restent du domaine professionnel.
Que penser de l’acide hyaluronique (AH) ?
Il s’agit d’une macromolécule naturellement présente dans le derme et l’épiderme garante du rebondi de la peau. C’est une véritable éponge capable de fixer jusqu’à 1 000 fois son poids en eau et il est le pivot du maintien de l’hydratation et de l’élasticité cutanée. Il intervient également à tous les stades de la cicatrisation. Il entre dans la composition de nombreux soins quotidiens pour tous les types de peau. (Hyaluron-filler jour et nuit, Eluage gel concentré, injections d’Idune, Retinox rides Filler…)
Et de la toxine botulique ?
Ce relaxant musculaire continue de générer des craintes et des critiques infondées, mais il demeure un traitement clé pour réduire les rides d’expression. C’est le traitement le plus pratiqué en esthétique à des doses dix fois inférieures à celles utilisées en thérapeutique, et les éventuels effets indésirables sont modérés, localisés et réversibles. Toutefois, il est conseillé de vérifier que le praticien est un spécialiste habilité et formé à la technique d’injection, de se renseigner sur la qualité du produit qui sera injecté, et de vérifier qu’il a reçu une AMM pour l’indication esthétique. En France, seules les toxines botuliques de type A disposent d’une AMM.
Quels sont les résultats obtenus avec les produits de comblement ?
Ils sont fonction du produit utilisé (collagène, acide hyaluronique), leur effet est immédiat, et avec certains AH on peut obtenir des durées d’action proches de 6 à 12 mois. Un léger œdème, quelques rougeurs et de petits bleus peuvent survenir dans les 72 heures suivant l’injection. Ils sont très utilisés pour combler les sillons des pattes d’oie, nasogéniens et péribuccaux.
À quoi sont dues les taches pigmentaires ?
Le ralentissement du renouvellement cellulaire entraîne une diminution de l’élimination des cellules chargées en mélanine accumulées en surface. Les kératinocytes étant moins nombreux, la répartition en mélanine est moins régulière et apparaissent alors les taches dites de sénilité, la peau s’épaissit et le teint devient terne. Les taches dites « solaires » se forment sous l’action des UV qui provoquent une synthèse excessive de mélanine.
Peut-on les faire disparaître ?
La cryothérapie ou l’application d’azote liquide a fait ses preuves pour les effacer ou les atténuer. Le traitement laser est lui aussi couramment utilisé et le peeling permet une nette amélioration. Pour conserver le résultat, des crèmes antitaches appliquées quotidiennement prennent le relais.
Les cosmétiques bio ont-ils la même efficacité que les cosmétiques conventionnels ?
Sur le plan légal, le niveau d’exigence est le même, c’est le respect de la réglementation cosmétique qui est gage de sécurité. L’efficacité dépend des actifs et de la qualité de l’excipient. La formulation d’un cosmétique classique offre une plus grande liberté dans le choix des actifs et des textures, que le produit bio qui est limité par des contraintes méthodologiques et des exigences de composition et de formulation.
Le label bio apporte-t-il plus de sécurité ?
La certification biologique ne porte pas sur l’écosystème cutané mais sur l’écosystème de la planète. De façon concrète, le label bio n’est pas un label dermatologique et il ne constitue pas une garantie d’efficacité ni d’innocuité. Le nombre restreint de conservateurs dans les produits bio accroît le risque microbiologique. Mais le procédé de fabrication respecte l’environnement et la traçabilité est parfaite, des ingrédients au produit fini.
Les séances de lasers sont-elles compatibles avec la vie sociale ?
Les lasers non ablatifs sont des méthodes douces, les marques sont discrètes et transitoires. Le but est de créer une stimulation des fibroblastes par chauffage du derme en profondeur, sans altérer l’épiderme (lampes pulsées, lasers vasculaires ou de remodelage) pour obtenir une « réjuvénation ». La photothermolyse fractionnée et la photoréjuvénation dynamique sont des techniques plus récentes. Les lasers ablatifs (CO2 ultra-pulsé ou scanné, Erbium-Yag, relissage fractionnel…) sont des techniques plus lourdes avec phase de cicatrisation et éviction sociale.
Quels sont les produits utilisés en relais des actes de correction esthétique ?
Les soins postopératoires immédiats font appel à des produits capables de renforcer les mécanismes de défense cutanée, de promouvoir la reconstitution de la barrière cutanée et la cohésion cellulaire, et de réduire la sensibilité cutanée : soins Neocica (Filorga), Hydra-Recovery et Pro-Maximizer (La Roche-Posay), Hydracid Lift sérum (SVR), système de soin global Glytone (Pierre Fabre Dermatologie Esthétique). En entretien et au quotidien, les anti-âge (vitamines C et A, AHA), les dépigmentants et les antirougeurs potentialisent et font durer les résultats, et le maquillage correcteur permet d’atténuer les rougeurs.
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