L’AVENANT « rémunération » doit être bouclé dans les prochains jours. Si tout se passe bien. Car dans la perspective d’une défaite de la gauche aux élections municipales, dont le deuxième tour aura lieu dimanche prochain, des bruits de remaniement ministériel se font entendre. Et dans ce contexte, pas sûr que la signature des arrêtés de marge et autre textes législatifs nécessaires à la mise en œuvre de la réforme de la rémunération figure parmi les priorités d’une ministre qui ne sait si elle sera encore là dans les prochaines semaines. Mais tout cela n’est que supputation. Et le principal obstacle au bouclage de ce dossier reste la méfiance que suscite le passage à l’honoraire au sein de la profession. Une majorité de pharmaciens et deux des trois syndicats d’officinaux ne s’y montrent en effet pas franchement favorables.
Dans un récent entretien avec « le Quotidien », le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), Gilles Bonnefond, affirme ainsi qu’il ne s’engagera pas dans une réforme avec une révision de la marge dégressive lissée (MDL) telle qu’elle est envisagée aujourd’hui. À ses yeux, cette réforme représente une « énorme prise de risque ». Il explique : « L’instauration d’un honoraire d’un euro par boîte dispensée aggrave la baisse des prix de tous les médicaments de plus de 1,91 euro et ne protège pas les pharmaciens. Cet euro va être distinct du prix du médicament, ce qui entraînera une concurrence avec les médicaments délivrés sans ordonnance. Il y aura un réveil très douloureux si nous n’arrivons pas à contrer cette réforme ».
L’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) n’a pour sa part même pas signé le protocole d’accord du 9 janvier avec l’assurance-maladie (voir encadré). « Nous estimons qu’il n’apporte aucune sécurisation de l’économie officinale, explique Michel Caillaud, alors conseiller chargé de l’économie à l’UNPF. Nous ne sommes pas contre l’idée d’un honoraire, mais certainement pas à la boîte. » L’ex-présidente de l’UNPF, Françoise Daligault, affirme même que la réforme de la rémunération envisagée présente des « risques de fragilisation de la profession ». « Si nous sommes favorables à une évolution du mode de rémunération des pharmaciens, nous pensons qu’elle doit être structurée et mesurée et apporter un minimum de garanties pour l’ensemble de nos confrères », explique-t-elle.
La meilleure solution.
Seule la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) est prête à parapher l’avenant rémunération. « C’est la meilleure solution », affirme son président Philippe Gaertner. « En signant le protocole d’accord avec l’assurance-maladie le 9 janvier dernier, qui crée pour la première fois des honoraires pharmaceutiques, je n’avais aucun doute, affirme-t-il. Et ce pour plusieurs raisons, la première étant la certitude d’avoir entre les mains un bon accord. Les discussions ont réussi à tirer le meilleur de toutes les parties signataires pour qu’à défaut de tous en bénéficier, la très grande majorité de la profession soit avantagée. » Selon lui, les résultats des simulations micro et macroéconomiques que la FSPF a menées sont formels : le système retenu profitera au plus grand nombre. « Bien sûr, nous aurions voulu plus : 100 % de satisfaction et 100 % de gain pour tous les pharmaciens mais comment faire quand la période économique est si sombre ? interroge le président de la FSPF. La profession ne peut se payer de mots ou de slogans et devait être rassurée quant à son avenir économique. » Philippe Gaertner l’assure, « en sanctuarisant plus du tiers de notre rémunération dès l’année prochaine et la moitié en 2016 sous forme d’honoraires, les pharmaciens font un premier pas hors de la spirale déflationniste des dépenses de santé ». Le débat n’est pas fini et devrait se prolonger lors de l’édition 2014 du salon Pharmagora.
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