Le générique contribue sans conteste au chiffre d’affaires de la pharmacie et l’officine le compte bien parmi les segments porteurs pour se développer. L’association des génériqueurs insiste sur les belles perspectives d’avenir offertes par un marché encore immature. « Les volumes restent faibles, ils représentent 35 % des médicaments remboursés. C’est à peu près 43 % des prescriptions des médecins au sein du répertoire. À périmètre le plus comparable possible, l’Allemagne compte 70 % des prescriptions des médecins dans le périmètre substituable », explique Erick Roche, président du GEMME.
En revanche, la pression des pouvoirs publics sur les prix ferme les perspectives d’avenir. Les fabricants comptent « près d’1 milliard d’euros de baisses de prix en 9 ans, dont 700 millions au cours des trois dernières années ». L’impact n’est pas négligeable, mais le pire a été évité lorsque le GEMME a pu repousser le projet du Comité économique des produits de santé (CEPS), début 2016, qui imposait 93 millions d’euros de baisse de prix fabricant en année pleine, applicable dès juillet « qui aurait donc représenté 41 millions sur 2016 ». Les actions menées par le GEMME ont permis de « réduire – à date, car les négociations se poursuivent – cette étreinte à 15 millions d’euros » pour 2016. Elle sera de 29 millions d’euros de baisses de prix en 2017 et de 23 millions en 2018.
Concertation
Quant au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2017, il présente une ligne « promotion et développement du générique » non détaillée, qui comptabilise à la fois les baisses de prix et les économies issues de l’augmentation des volumes vendus. « On ne connaît jamais a priori la répartition, c’est au président du CEPS d’en décider. On note que l’enveloppe globale baisse à 340 millions d’euros », alors qu’elle s’élevait à 395 millions en 2016 et à 435 millions en 2015. Erick Roche n’ose s’en réjouir, notant surtout l’opacité totale du calcul de l’objectif national des dépenses d’assurance-maladie (ONDAM). « Ces chiffres nous sont opposables, c’est à partir de cet ONDAM que sont calculées les économies nécessaires et que le médicament en porte 50 % (1,9 milliard d’euros sur les 4 milliards d’économies). Nous demandons donc une totale transparence sur le calcul de l’ONDAM. » Le GEMME souligne aussi la « faible ambition de ce PLFSS sur le générique », en contradiction avec le lancement de la campagne de promotion des génériques par le gouvernement. L’association déplore un manque de concertation et une tendance des autorités à préférer le passage en force. « Aujourd’hui, dans la relation avec les pouvoirs publics, on est dans un bras de fer permanent. Je m’inquiète notamment de l’article 52 du PLFSS qui veut donner total pouvoir au président du CEPS pour piloter unilatéralement les prix, en bafouant totalement l’accord-cadre, en fonction de l’ancienneté et des avantages commerciaux octroyés aux produits ; autrement dit on parle des génériques. » Enfin, le président du GEMME regrette un manque de clarté dans les règles, que ce soit sur le développement des biosimilaires ou sur l’encadrement des remises et conditions commerciales.
Nouvelles contraintes
Les génériqueurs se sont beaucoup mobilisés ces derniers mois pour faire entendre que les économies devaient être principalement réalisées sur les volumes des génériques et non sur les prix. Notamment parce que le chiffre d’affaires des génériques n’accompagne plus l’évolution des volumes. « Nos prix décrochent clairement depuis 2013. On est passé d’un prix moyen à 4,50 euros en 2012, à 3,98 euros en 2015, en prix fabricant. Si on tient compte des remises moyennes concédées au pharmacien, le prix net est plutôt de 2,60 euros. La pression sur les prix est considérable, 22 % de baisses de prix sont portées par les laboratoires et indirectement par les pharmacies. » Et pour que les volumes augmentent à nouveau, il est nécessaire d’augmenter la prescription des médecins dans le répertoire. La ministre de la Santé vise un objectif de 50 % de prescriptions dans le répertoire pour 2017. Insuffisant pour le GEMME, qui aimerait un objectif à 60 %, ce qui générerait environ 1,5 milliard d’euros d’économies additionnelles et permettrait de « libérer la pression sur d’autres acteurs, notamment la pharmacie ».
Non seulement l’augmentation limitée des volumes vendus ne compense pas les baisses de prix, mais de nouvelles contraintes réglementaires et environnementales sont aussi imposées aux fabricants de génériques, exigeant des investissements importants. « Par essence, les génériques doivent apporter des alternatives économiques, la philosophie de prix bas est logique. Contrairement à un médicament princeps, le coût de nos médicaments est totalement corrélé au coût de production. Avec des prix moyens nets de 2,60 euros, nous ne pouvons absorber toute la série de nouvelles contraintes qui, par ailleurs, nous paraissent légitimes. »
Face à une économie qui se dégrade et des contraintes qui augmentent, le Erick Roche insiste néanmoins sur les « motifs de réjouissance », le marché ayant de grandes marges de développement en termes de volume et la campagne nationale en faveur des génériques allant « dans la bonne direction ». « Oui je reste optimiste parce que le marché est devant nous. »
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