Fréquente, la conjonctivite virale peut être induite par divers types de virus. L’infection par un adénovirus domine toutefois (70 à 90 % des cas), suivie par l’infection par un entérovirus : étant, dans tous les cas, très contagieuse, elle peut rapidement se transmettre sous forme épidémique dans une collectivité (certaines législations exigent d’ailleurs que la conjonctivite à adénovirus donne lieu à arrêt de travail ou à éviction scolaire).
Transmission.
Cette infection ophtalmologique se transmet par l’exposition de la muqueuse oculaire aux gouttelettes de Pflügge (toux, éternuement, postillons…), aux sécrétions ORL ou lacrymales, par contact avec des mains souillées, des lentilles contaminées et leurs étuis, avec des appareils d’examen ophtalmologique contaminés (tonomètre, lampe à fente, mentonnière et appuie-front), avec les compte-gouttes pour les collyres mais également par les eaux de piscine.
L’infection conjonctivale peut parfois avoir pour origine une infection cutanée transmise à l’œil par contact : c’est le cas de l’herpès labial notamment.
Clinique.
Après une incubation variant de deux jours à deux semaines, la conjonctivite virale se manifeste soudainement : l’œil est « rouge », larmoie abondamment (sécrétions claires), le patient se plaint de ressentir des « grains de sable » sous les paupières et il présente souvent un œdème palpébral. Le patient peut craindre l’exposition à la lumière (photophobie) si la cornée est aussi concernée. La symptomatologie est initialement unilatérale, avec atteinte rapide et quasiment de règle de l’autre œil, souvent plus modérée, un à six jours plus tard. Une adénopathie pré-auriculaire est souvent associée : homolatérale, elle est concomitante à l’atteinte du premier œil. En l’absence de traitement, une conjonctivite virale dure entre quelques jours et trois semaines selon le cas ; le traitement n’en accélère qu’à peine la guérison.
Diagnostic.
Il est généralement purement clinique et la réalisation de prélèvements en vue d’un isolement viral reste exceptionnelle. Lorsqu’elle est nécessaire (travaux épidémiologiques, formes sévères), la recherche directe du virus ou de ses constituants est réalisée par :
- Détection de l’antigène dans les sécrétions oculaires (écouvillonnage de la conjonctive) puis analyse immunoenzymatique ;
- Amplification génique par PCR (résultat rapide) ;
- Culture sur cellule (résultat retardé).
En présence d’une épidémie, la comparaison des souches permet de rechercher une source commune d’infection.
Traitement.
La réalisation de prélèvements viraux reste exceptionnelle. Le traitement, simple, se limite à de fréquents rinçages de l’œil au sérum physiologique et à l’instillation d’un collyre antiseptique (ex : Biocidan, Désomédine, Monosept, Vitabact). L’évolution est favorable en quelques jours à deux semaines : consulter un médecin si les symptômes persistent plus longtemps et, notamment, s’ils sont évocateurs d’une kératite.
La corticothérapie locale est puissamment anti-inflammatoire mais elle expose à une augmentation de la réplication virale : son intérêt théorique se réduirait aux seules présentations inflammatoires sévères lors de leur phase aiguë. Ce type de traitement est de toute façon contre-indiqué dans les kératoconjonctivites infectieuses.
Prophylaxie.
Les mesures prophylactiques visant à éviter la contamination sont essentielles : il faut éviter tout contact avec les sécrétions lacrymales du patient infecté et proscrire le partage des mouchoirs, des gants et des serviettes de toilette bien entendu ! Il faut également se laver les mains après tout contact. La période de contagiosité s’étend depuis la fin de la période d’incubation jusqu’à 14 jours après le début des signes oculaires. L’excrétion du virus peut cependant être plus prolongée.
Le cas de la conjonctivite herpétique.
La conjonctivite herpétique mérite d’être distinguée des autres conjonctivites virales par sa potentielle sévérité. Habituellement unilatérale, elle peut induire rapidement une kératite ponctuée apparaissant dans les cinq jours qui suivent l’atteinte conjonctivale, avec constitution d’ulcérations douloureuses plus ou moins importantes. Elles persistent jusqu’au quinzième ou au vingtième jour. Des infiltrats sous-épithéliaux peuvent apparaître entre la deuxième et la troisième semaine : il s’agit de granulomes inflammatoires responsables d’une baisse d’acuité visuelle variable, qui peuvent persister entre 6 mois et 1 an voire plus, mais finissent par régresser au fil du temps. Elle impose un traitement rapide et rigoureux car elle peut facilement se compliquer d’une uvéite ou de lésions de la cornée. L’herpès oculaire est traité par un antiherpétique sous forme ophtalmique (aciclovir = Zovirax pommade, ganciclovir = Virgan gel, trifluridine = Virophta collyre).
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