Cloud computing et nouvelles missions

L’« l’informatique dans les nuages », une aide concrète pour mieux suivre les patients

Publié le 30/09/2013
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Conformes à la Convention pharmaceutique qui demande aux pharmaciens d’assurer des entretiens spécifiques avec les patients autour de certaines pathologies, aujourd’hui celles liées à l’usage d’AVK, les éditeurs proposent des outils de pilotage. Certains d’entre eux utilisent le cloud computing, « l’informatique dans les nuages », l’hébergement et l’exploitation des données à l’extérieur. Ils en expliquent les avantages, mais aussi les contraintes.
Le cloud permet des mises à jour facilitées

Le cloud permet des mises à jour facilitées
Crédit photo : doc. Alliadis

« LES PHARMACIENS ne sont pas encore réellement organisés pour assumer leurs nouvelles missions ». Sophie Roussel, directrice marketing et communication pose d’emblée le cadre des tâches qui attendent les pharmaciens, suite à la Convention nationale pharmaceutique signée le 4 avril 2012 entre syndicats et Assurance Maladie. L’avenant du 27 juin dernier, précisant les modalités des entretiens pharmaceutiques prévus par ladite convention, lance l’offensive des éditeurs, qui entendent bien proposer de nouveaux outils pour aider les pharmaciens dans ces nouvelles missions. Celles-ci sont pour l’instant limitées aux entretiens qu’ils pourront mener avec les patients traités par des AVK. Constatant que ces entretiens sont très encadrés, notamment par une série de questions qu’il faut suivre précisément, Sophie Roussel estime nécessaire d’avoir « un suivi ordonné et organisé grâce à l’outil informatique. » « Pas question de les laisser avec du papier et un crayon pour assumer cette nouvelle tâche. »

Partage de données entre professionnels de santé.

Cette ambition naturelle des éditeurs se teinte cette fois d’une particularité, certaines des offres actuelles et à venir sont et seront gérées en mode cloud. Pourquoi le cloud pour suivre les patients ? Le premier argument avancé est l’idée que ces entretiens pharmaceutiques sont la première pierre d’un nouveau mode de partage des données entre professionnels de santé. « Les informations pourront être consultées par d’autres professionnels de santé et à terme par le patient lui-même », souligne ainsi Jérôme Lapray, responsable marketing de Pharmagest. « Le patient pourra accéder à ces données et communiquer ainsi avec son médecin ou son infirmière », renchérit Charles Rabiller, responsable de Pharmadomicile, une société qui développe des plateformes sur Internet pour officines. « Nous estimons qu’à terme, le pharmacien va initier ces différents process et devenir en quelque sorte le coordinateur des soins autour du patient. » Et cela d’autant plus que la Convention pharmaceutique prévoit d’étendre les entretiens pharmaceutiques à d’autres problématiques, l’asthme, l’obésité, le sevrage tabagique etc…

Qui dit informations partagées implique un hébergement et une exploitation des données hors de l’officine, donc sous forme de cloud. Mais ce n’est pas la seule raison d’un tel choix. « Le cloud computing a l’avantage d’assurer beaucoup plus facilement les mises à jour des logiciels », souligne Sophie Roussel. Or, précisément, le logiciel d’Alliadis, l’application « mon suivi patient », « demande beaucoup de mises à jour ». « À titre d’exemple, l’assurance-maladie modifie son questionnaire, nous pouvons répercuter la mise à jour immédiatement. »

Encadrer le suivi thérapeutique.

Sur la gestion même du suivi thérapeutique dans le cadre de la Convention, les applications des éditeurs ne diffèrent pas de façon substantielle dans leur contenu de celles gérées par l’informatique classique, en « local ». La gestion des rendez-vous avec les patients, la messagerie avec eux, leur historique et l’historique de leurs entretiens, la connexion avec différents appareils, tensiomètres, ou encore l’intégration de suivi de constantes sont par exemple les caractéristiques de la future application de suivi patient que Pharmagest compte lancer en mode cloud dans le courant du premier semestre de l’année prochaine. De son côté, Isipharm propose en option gratuite un module qui permet au pharmacien d’appréhender ses nouvelles missions, mais sans recourir à l’hébergement de données à l’extérieur. « Ce module gère la prise de rendez-vous avec le patient, l’historique et le compte rendu de ces rendez-vous, et propose une trame qui permet d’assurer les entretiens », explique David Derisbourg, responsable marketing Leo chez Isipharm. « Le pharmacien peut imprimer un document pdf qu’il signe et fait signer par le patient, qui peut repartir avec son propre exemplaire. » Chaque logiciel a certes ses particularités, mais la gestion des rendez-vous, l’historique des entretiens et la façon dont sont menés ces entretiens qui suivent scrupuleusement ce que prévoit la réglementation sont communs à ces différentes applications. Chez Alliadis, les réponses précédentes des patients apparaissent en même temps que les nouvelles réponses aux questions de l’entretien en cours, sur un écran qui les récapitule. Les éditeurs promettent également le rapatriement des données dans le logiciel de gestion si le titulaire le souhaite.

Un incontournable : l’agrément du Ministère de la Santé.

Proposer la gestion des entretiens pharmaceutiques est certes un choix, mais conditionné par une exigence de taille : l’obtention de l’agrément lié à l’hébergement de données de santé à caractère personnel. Cet agrément, délivré par le Ministère de la Santé via l’Agence des Systèmes d’Information Partagés Santé (l’ASIP) est difficile à obtenir, coûteux, et il faut le renouveler tous les trois ans. Et cela afin de sécuriser ces données relatives à la santé des personnes. Peu nombreuses sont les entreprises à pouvoir obtenir un tel agrément. Les éditeurs qui souhaitent héberger leurs applications peuvent conclure un accord avec une société agréée par l’ASIP, mais cela a forcément un coût.

Et c’est justement au niveau du coût que l’impact du cloud pourrait s’avérer sinon intéressant, au moins singulier. Chez Alliadis, l’application est gratuite. Pharmagest travaille sur une autre formule. Son choix n’est pas arrêté. Mais peut-être s’engagera-t-il sur celui de la facturation à l’usage, typique du cloud computing. C’est en effet un modèle très différent de celui classique du logiciel de gestion officinale, où l’on paie une licence et une maintenance. Le cloud se base sur l’usage de la base passante chez l’hébergeur, plus le nombre de patients est important, plus le stockage de données l’est aussi, et plus bas sera le coût d’usage par patient. » Cela pourrait se traduire par une formule combinant un forfait par patient, complété par un coût d’usage qui serait de quelques centimes par mois.

Le cloud s’immisce donc de plus en plus dans l’informatique officinale. Alliadis a d’autres applications, extérieures à ses différents LGO, gérées sous forme d’hébergement, notamment son conseiller interactif et son Kit Santé.

›HAKIM REMILI

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3033