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L'EBE moyen perd 10 000 euros

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Publié le 01/09/2016
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Nouveau recul du chiffre d’affaires sur le médicament remboursable, stabilisation de la marge brute en pourcentage et baisse de la rentabilité : tels sont les principaux éléments qui se dégagent de la dernière étude statistique de Fiducial sur l’économie des officines en 2015. De mauvais chiffres, que la mise en place des nouveaux modes de rémunération du pharmacien ne parvient à enrayer qu’en partie.

Crédit photo : Phanie

Il fallait s’y attendre : dans un contexte économique global de récession pour l’ensemble de la profession, la dernière enquête statistique de Fiducial* confirme les tendances précédentes et, surtout, met à nouveau en lumière les effets néfastes de la baisse d’activité sur l’ensemble de l’économie officinale.

Globalement, le chiffre d’affaires hors taxes moyen en 2015 s’élève à 1,334 million d’euros pour les pharmacies individuelles et à 1,685 million d’euros pour les pharmacies en association, soit une moyenne de 1,498 million d’euros, tous types d’officines confondus (contre 1,513 million d’euros en 2014).

Mais, sauf les officines de centre commercial, « cette activité est en baisse par rapport à 2014, surtout pour les ventes au comptoir qui ont décru jusqu’à 1,64 % pour les officines de quartier. C’est le médicament remboursable qui tire l’activité vers le bas puisque la part des produits taxés à 2,1 % de TVA, qui représentait 76,70 % des ventes en 2014, s’établit désormais à 75,78 %. Entre 2014 et 2015, le recul des ventes de médicaments remboursables est de 0,94 % », analyse Philippe Becker, directeur du département Pharmacie de Fiducial et responsable de cette étude.

La baisse d’activité est une tendance de fond puisque le nombre d’officines dont le chiffre d’affaires décroît continue d’augmenter : sur les 534 pharmacies retenues par Fiducial, elles sont 324, soit plus de 60 %, à voir leur chiffre d’affaires diminuer, de 4,46 % en moyenne. Les raisons de ce nouveau repli : principalement les baisses de prix, mais aussi la diminution des prescriptions, notamment en milieu rural où la désertification médicale continue de produire ses effets dévastateurs.

Comme les années précédentes, toutefois, les disparités de taille et d’emplacement des officines demeurent. Ainsi, ce sont toujours les pharmacies de centre commercial qui réalisent le chiffre d’affaires moyen le plus élevé (2,346 millions d’euros en 2015). Inversement, les petites officines de quartier sont celles qui voient leur activité baisser le plus, avec une décroissance moyenne de 5,03 % et un chiffre d’affaires hors taxes moyen de 1,427 million d’euros.

 

Une marge brute stable

Autre indicateur : la marge officinale. En 2015, la marge brute – qui inclut les prestations de services, les honoraires et la marge commerciale traditionnelle – augmente en raison de l’apparition des honoraires de dispensation. Elle s’élève en moyenne à 31,65 % pour les officines individuelles et à 31,62 % pour les officines en association, avec une moyenne nationale de 31,63 %. Ces chiffres sont quasi stables par rapport à 2014. Il faut noter que ce sont les officines rurales qui ont le pourcentage de marge brute le plus élevé, avec 32,22 %.

Globalement, on remarque aussi que cet indicateur de performance a légèrement progressé depuis deux ans : la preuve, relève Philippe Becker, que « les modifications qui ont affecté la rémunération du pharmacien sur les produits remboursables n’ont pas eu de conséquences graves en valeur relative ». Mais attention, ajoute le directeur du département Pharmacie de Fiducial : « en valeur absolue, la marge brute moyenne s’établissait à 474 200 euros en 2014 et elle ne s’élève plus qu’à 473 800 euros en 2015. » En euros, cet indicateur est donc en légère baisse.

 

Une rentabilité en recul

Du côté des charges d’exploitation des officines, la hausse est globalement bien contenue en 2015. Mais, dans un contexte de baisse générale d’activité, les charges fixes et les frais de personnel deviennent mécaniquement plus lourds, entraînant des répercussions sur le compte de résultat pour beaucoup d’officines.

C’est le cas notamment pour les frais de personnel, dont le poids relatif par rapport au chiffre d’affaires (10,70 % en moyenne en 2015) n’a jamais aussi été élevé, atteignant son niveau de l’année 2003. Toutefois, en valeur absolue là aussi, ce poste reste stable par rapport à 2014. Et comme les années précédentes, les frais de personnel sont moins élevés lorsque l’officine est exploitée en association.

Dernier ratio enfin : l’excédent brut d’exploitation (EBE). En 2015, il s’élève en moyenne à 12,60 % du chiffre d’affaires hors taxes, en baisse par rapport à 2014 (13,05 %). Pour cet indicateur de rentabilité, les écarts se creusent encore entre les officines de tailles différentes. Ainsi, les petites pharmacies avec un chiffre d’affaires inférieur à 750 000 euros ont une rentabilité de 9,25 % seulement en 2015, au lieu de 9,46 % l’année précédente. Moins le chiffre d’affaires de l’officine est élevé, et moins la rentabilité est bonne.

En outre, les disparités entre pharmacies gérées en association et pharmacies en exploitation individuelle sont toujours très marquées : les premières ont un EBE moyen de 13,50 %, les secondes un EBE moyen de 11,60 %.
 

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Mais c’est à nouveau en valeur absolue que les chiffres de rentabilité sont les plus parlants : toutes catégories d’officines confondues, l’EBE s’élève en moyenne à 188 750 euros en 2015, au lieu de 199 013 euros en 2014, soit une perte de plus de 10 000 euros de revenus, en moyenne, par pharmacie…

Une situation plutôt inquiétante, puisqu’on ne voit pas très bien comment les titulaires pourraient améliorer la rentabilité brute de leur officine, de nombreuses charges étant déjà comprimées au plus juste, et la concurrence, souvent vive entre pharmacies, empêchant d’ajuster les prix de vente des produits à marge libre…

* Étude réalisée sur une population de 534 officines sélectionnées parmi les 1 600 officines de Fiducial. 53,2 % de cet échantillon sont des officines individuelles, 46,8 % des officines en association.

François Sabarly

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3282
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