L’officine de demain

Dans le regards de nos lecteurs

Publié le 18/04/2013
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Nous avons souhaité, à l’occasion de cette édition exceptionnelle, vous permettre de contribuer à son contenu. Nous livrer votre regard sur ce que pourra être la pharmacie de demain, telle était la nature de notre invitation. Voici comment certains d’entre vous y ont répondu.

• Continuer à être un lieu d’écoute

La pharmacie va sans doute connaître quelques changements au cours de ce troisième millénaire. En effet, l’e-commerce des médicaments sans ordonnance paraît inévitable de nos jours. Cependant, il faudra que le patient ait tout de même accès à nos conseils - à quand une consultation en visio ? - mais aussi qu’une sécurité efficace soit mise en place pour que l’origine des médicaments soit aussi sûre que dans nos officines car les contrefaçons pourraient avoir des conséquences dramatiques (nous n’aimerions pas non plus retrouver de la gélatine de cheval dans nos gélules…) ! Oui, car le médicament n’est pas un produit comme les autres et on ne peut pas conseiller sérieusement Mme S. sur ses problèmes dermatologiques ou M. L. sur le fonctionnement de la chambre d’inhalation de son petit entre les rayons charcuterie et boissons alcoolisées d’un supermarché.

D’ailleurs le gouvernement l’a bien compris puisqu’en confiant de nouvelles missions aux pharmaciens, tels que les entretiens individuels, la loi HPST (Hôpital, Patients, Santé et Territoires) redore notre blason de professionnel de santé. Ce serait d’ailleurs l’occasion d’aller voir un peu plus loin, et pourquoi pas de copier nos voisins canadiens. Il faudra donc bien garder nos officines chéries pour faire de l’éducation thérapeutique, conseiller nos patients ou simplement pour continuer à être un lieu d’écoute. N’oublions pas que nous sommes les seuls professionnels de santé disponibles sans rendez-vous, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Et si certaines personnes l’avaient oublié, elles marchent sur la tête !

• Un professionnel de premiers recours reconnu

Après l’introduction d’honoraires actée (déconnexion de la rémunération du prix et des volumes), je vois le pharmacien de demain comme le professionnel de premiers recours reconnu. Il faudra que le couple pharmacien-médecin se développe et se structure. Cette évolution suppose des échanges de données, la mise en place de protocoles de prise en charge de soins de premiers recours, un suivi du patient chronique via la télémédecine ou encore le partage du Dossier Pharmaceutique et peut être du DMP.

Le rôle du pharmacien devra également s’affirmer dans la qualité du conseil, dans la prévention (celle du diabète, de l’hypertension artérielle, de l’asthme,..) et dans le suivi des patients (carnet de vaccination électronique, suivi des AVK,…).

Le vieillissement de la population devra être accompagné et géré par les professionnels de santé de proximité. Il faut absolument sauvegarder le maillage territorial et conforter le rôle social très important et le rôle primordial d’interface que joue l’officinal dans le trio médecin, pharmacien, hôpital.

Tout ce programme devra être mis en place sans tarder, avant la disparition des officines qui s’opère déjà dans les zones de désertification médicale galopante. L’officinal a un rôle en devenir passionnant mais il ne faut pas négliger l’aspect économique des pharmacies qui, en deçà d’un certain seuil de rentabilité, ne pourront pas survivre.

ANNE-SOPHIE LEROY, DE LA PHARMACIE MORACE À EVREUX

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3000
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