Vers 4 nouveaux réseaux de pharmacies

TROIS tendances lourdes guident l’évolution de notre système de santé et impacteront directement ou indirectement la pharmacie : la rigueur financière, la coordination des acteurs et la territorialisation vont nous faire passer de la proximité à l’accessibilité. Ces changements s’accompagnent d’impératifs majeurs qui vont nous conduire de façon urgente à développer un réel système de soins primaires en diminuant l’hospitalocentrisme trop coûteux, à donner à la prévention la place qu’elle mérite, à s’engager dans l’hospitalisation évitable, et à mettre enfin en place la démocratie sanitaire.

Pour autant, on ne fera pas de prévention sans les pharmaciens, les infirmières ou les diététiciennes. On ne fera pas non plus de médecine sans implication des médecins dans des processus de pilotage et de décision et sans introduire une notion de subsidiarité à d’autres acteurs de la santé. On ne réalisera pas ces changements sans qualité ni sécurité, et, bien sûr, sans une évaluation permanente.

Le pharmacien, acteur efficient du système de santé, sera coordinateur au cœur d’un parcours de soins redéfini et d’un parcours de santé à créer. Impliqué dans l’observance des traitements et la surveillance des médicaments, il participera à l’accompagnement des patients, adaptera la posologie dans un certain nombre de pathologies, selon des protocoles normés. Il proposera des entretiens pharmaceutiques et des consultations in situ et à distance dans le cadre d’une segmentation de type : habitudes de vie, situations aiguës, problèmes intimes, services aux entreprises, prévention. De moins en moins distributeur, il sera de plus en plus acteur s’il parvient à réduire sa dépendance au système (assurance-maladie).

Cette diversification vers de larges services de santé payants ne pourra et ne voudra pas être menée par tous les pharmaciens. Tous ne voudront pas, ou ne pourront pas, proposer des pharmacies « Village de la santé », mais une chose est certaine, ces pharmaciens-là seront authentiquement différents, avec un réseau qui évoluera selon 4 catégories :

Les pharmacies de quartier : un pharmacien spécialiste qui établira des liens très forts avec les médecins traitants. Il répondra à l’intégralité des besoins de soins et de santé dans sa zone de chalandise,

Les pharmacies de centre bourg : un assortiment large, la référence en matière de santé et beauté, des prix raisonnables, un positionnement santé, beauté 70/30,

Les pharmacies « supermarché » : une boutique tout en un, le prix et le côté pratique, un positionnement prix indéniable.

Toutes ces pharmacies adopteront des « marques enseignes », avec un agencement spécifique, et une stratégie i-pharmacie, très adaptés selon leurs positionnements.

Évidemment, la 4e catégorie sera constituée par les pharmacies refusant ou ne pouvant mener ces diversifications.