L’officine devra s’adapter aux nouveaux modes de vie

Publié le 18/04/2013
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Hélène Marvillet

Hélène Marvillet
Crédit photo : S TOUBON

QUELLES MUTATIONS notre société va-t-elle connaître dans les vingt années à venir ? Un vieillissement de la population, avec son corollaire, la solitude, et une demande toujours plus grande de solidarité étatique ; à l’opposé, des gens pressés qui exigent rapidité, efficacité et sécurité. Un mode de vie dominé par le virtuel, avec une utilisation exponentielle des moyens de communication (Internet, téléphones, tablettes, chargés d’applications toujours plus perfectionnées) permettant le contact permanent et interactif avec l’autre, les autres, créant le besoin de toujours plus d’informations, de communication, mais aussi de sécurité. Enfin, un désengagement irréversible de l’État dans la prise en charge.

Quelle réponse devra donner la pharmacie du futur ? Le service éclipsera de plus en plus le produit, qui devra être malgré tout être une valeur sûre : qualité, sécurité, traçabilité, seront les maîtres mots dans une société mondialisée, où producteurs et consommateurs seront plus encore éloignés qu’aujourd’hui. La pharmacie devra s’adapter aux nouveaux modes de vie. Le service aux actifs (jeunes ou âgés) devra répondre à une demande d’informations et à des commandes par les médias virtuels (Internet, téléphone, scan ou autre), mais aussi à la récupération des commandes facilitée par « drive » ou autre VPC. L’enjeu important restera la qualité et la sécurisation de la dispensation par un pharmacien, avec ou sans présence physique (attention, danger !). On assistera aussi au développement de la télémédecine pour pallier le manque de temps et la désertification médicale. Pour les pharmaciens installés dans des déserts médicaux, ce choix sera une option de survie. Pour le service aux plus âgés, le pharmacien devra s’inscrire dans les réseaux de soins pluridisciplinaires en utilisant tous les moyens de communication, de préservation et de sécurisation des données, et en prenant l’engagement formel de se former et de faire former son équipe en ce sens.

Le désargentement de l’État ne va pas s’améliorer, étant donné le gouffre de la dette ; il sera donc suivi du désengagement de tout ce qui n’est pas vital. Resteront pris en charge les malades chroniques et les graves maladies. Le patient devra assumer financièrement la maladie aiguë, les pathologies dites de confort et la prévention, en partie. Le risque est de voir l’indicateur prix primer sur l’indicateur service. La recherche du prix le plus bas sera facilitée par le courtage des médicaments, les centrales d’achats des groupements… Le pharmacien devra s’engager résolument dans la prévention. Le rôle du pharmacien sera de conseiller et d’aider le client à trouver des solutions adaptées à ses besoins et à ses ressources. Il pourra devenir l’interface entre le client et les mutuelles.

Le pharmacien du futur devra donc s’adapter aux modes de vie du futur. Quelques grandes lignes devront guider le nouveau métier de pharmacien, quel que soit son mode fonctionnement capitalistique : la qualité (sécurisation des actes, sécurité, traçabilité des actes et du médicament) ; la dispensation selon plusieurs modes professionnels (officine, virtuel, réseaux) ; l’implication plus grande pour la santé du patient (pharmacien conseil dans la prévention et dans l’optimisation de l’offre de soins).

En conclusion, et à l’aube de grandes mutations, méditons cette phrase de Darwin : « Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements. »

HÉLÈNE MARVILLET, PRÉSIDENTE DE L’ASSOCIATION PHARMA SYSTÈME QUALITÉ

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3000
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