Une profonde mutation du secteur du médicament

Publié le 18/04/2013
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Hervé Gisserot

Hervé Gisserot
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LES PHARMACIENS d’officine sont en train de vivre une des plus importantes – et des plus courageuses – mutations de leur histoire. Si je me réfère à l’article 38 de la loi HPST et à la nouvelle convention pharmaceutique, signée en 2012, il apparaît clairement que ces professionnels de santé ont su engager une transformation profonde de leurs missions, qui s’accompagnera – j’en suis sûr – d’un renforcement de leur statut au sein du système de santé.

Mais ce mouvement est à situer dans une perspective plus large de mutation du secteur du médicament, qui se traduit d’ailleurs, pour notre industrie, par une évolution profonde de son modèle de recherche et développement :

- l’amélioration des outils de diagnostic va modifier le champ d’intervention de la médecine ;

- le développement de l’éducation thérapeutique du patient va modifier le rapport entre soignants et soignés, et potentialiser l’autonomie du patient ;

- le développement de la génomique et des biotechnologies va nous conduire vers une médecine et des traitements beaucoup plus personnalisés ;

- l’amélioration des traitements et de la prise en charge va conduire à la chronicisation de certaines pathologies, à l’exemple du VIH.

Dans ce contexte, l’évolution du mode de dispensation s’accompagne logiquement d’une recomposition de la prise en charge des patients, dans laquelle les pharmaciens ont un rôle important à jouer.

La transposition récente dans le droit français de la réglementation européenne en matière de vente en ligne, va également changer la donne. L’une des grandes forces de notre système de distribution est sa capacité à empêcher la diffusion, en France, de médicaments contrefaits. Les industriels du médicament ont toujours mis en garde les patients contre l’achat de médicaments sur Internet. Une alternative légale, sécurisée, professionnelle, aux ventes online sauvages, est évidemment préférable, à condition qu’elle s’inscrive dans des règles strictes. Je n’ignore pas que les pharmaciens sont très partagés – pour ne pas dire majoritairement hostiles – à cette évolution. Nous n’avons pas à interférer dans ce débat, sinon pour réclamer que des conditions très drastiques soient effectivement observées, en termes de contrôle et de conseil associés à la dispensation. Des considérations de distribution ne doivent jamais prendre le pas sur la sécurité des patients.

Je souhaite aux pharmaciens de réussir leur mutation, et je souhaite que cette mutation se fasse dans le respect des équilibres au sein de la chaîne du médicament.

HERVÉ GISSEROT, PRÉSIDENT DU LEEM

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3000
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