L’économie en pleine révolution

De nouvelles ressources pour l’officine

Publié le 18/04/2013
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L’officine ne peut plus revenir en arrière. Tandis que son modèle économique est à bout de souffle, elle est contrainte de revoir de fond en comble son mode de rémunération. Fini les revenus reposant seulement sur la marge commerciale. Dans les prochains mois, l’acte de dispensation et des missions d’accompagnement de patients chroniques seront indemnisés à part entière.

BIENVENU dans l’ère de l’honoraire. Les négociations avec l’assurance-maladie ne sont pas terminées, mais sans trop s’avancer, les officinaux ne seront bientôt plus seulement payés à la marge commerciale, mais aussi à l’acte. Une évolution de la rémunération qui devrait permettre de sortir les comptes des pharmacies du rouge. Car aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que le modèle économique de l’officine est arrivé à la fin d’un cycle. Certes, l’évolution de la marge réglementée reste stable. Mais auparavant, elle progressait chaque année.

Baisse historique.

Tout a basculé en 2005 avec la mise en place de plans Médicaments successifs toujours plus drastiques les uns que les autres, mêlant mesures de maîtrise médicalisée, baisses de prix et déremboursements. Résultat, pour la première fois de son histoire, l’évolution du marché officinal de la prescription, a connu en 2012 une croissance négative, indique le Pr Claude Le Pen de l’université Paris-Dauphine. Une chute de 2,9 % en prix fabricant hors taxe (PFHT). Du jamais vu, selon l’économiste de la santé qui rappelle qu’il « n’y a pas si longtemps, ce marché caracolait encore à des taux positifs de 10 % et plus ! » Le modèle reposant sur la hausse des prix et des volumes apparaît donc aujourd’hui dépassé, pour ne pas dire obsolète. D’où l’intérêt du nouveau dispositif qui se dessine avec l’introduction d’un honoraire de dispensation. Inscrit dans la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2012 et traduit dans la convention avec l’assurance-maladie signée il y a un an, ce mécanisme doit permettre de déconnecter, en partie, la rémunération des prix et des volumes. D’ici à 2017, 25 % de la rémunération ne seraient plus exposés aux baisses de prix et de volumes. Toutefois, 75 % des revenus reposeraient encore sur la marge commerciale. D’autres pays, telle la Suisse (voir encadré), ont déjà opté pour ce modèle.

Objectifs et performance.

Déconnectée en partie des prix et des volumes, l’économie de l’officine va aussi reposer demain sur les nouvelles missions que rempliront les officinaux. En effet, la convention prévoit aussi des rémunérations sur objectifs, ou paiement à la performance. Dans les prochaines semaines, il sera d’ailleurs possible de conduire des entretiens pharmaceutiques dans le cadre de l’accompagnement de malades traités par AVK. En contrepartie, les pharmaciens percevront 40 euros par an et par patient. Ce qui peut représenter, pour une officine moyenne, entre 1000 et 1500 euros chaque année. D’autres missions rémunérées sont d’ores et déjà envisagées, tel le suivi des asthmatiques. Et pourquoi pas demain, la préparation des doses à administrer (PDA) non seulement pour les résidents des maisons de retraite, mais aussi pour les personnes âgées à leur domicile.

Le générique gardera aussi toute sa place dans les revenus des pharmacies. Avec la nouvelle convention, une partie des économies réalisées grâce à la substitution est ainsi reversée aux officinaux. Pour 2012, 80 millions d’euros seront ainsi réinjectés dans le réseau, soit 3 500 à 4 000 euros pour une pharmacie moyenne. Et pour cette année, la prime devrait être doublée. Doucement, mais sûrement, la révolution économique s’est mise en marche.

CHRISTOPHE MICAS

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3000
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